L’artiste Delphine Burtin considère la montagne comme le symbole helvétique par excellence. Imposante et captivante, elle nous toise et nous inspire, si bien que nous tentons de l’approcher, de la recréer de différentes manières – peut-être pour mieux l’apprivoiser. Dans la série Géométrie du rocher, la photographe vaudoise s’intéresse au caractère iconique de la représentation artificielle de la montagne.

Au cœur de ce projet réside une question : « comment essayons-nous de reconstituer la matérialité et la géométrie de la montagne en tentant de la reproduire et de la parfaire ? ». Avec les tirages issus de cette série, l’artiste interroge autant l’intervention de l’être humain dans le paysage de montagne que la reproduction de cette dernière en miniature et la création de différents artefacts prenant sa forme. La montagne artificielle fait ainsi écho aux qualités emblématiques que nous attribuons à la nature : grandeur, éternité et puissance. 

Après avoir été monté sous forme d’installation en extérieur dans le cadre du festival Alt+1000 en 2021, le projet a poursuivi son chemin à l’automne 2024 à Lausanne et Tokyo, à l’occasion de l’exposition collective Super Natural!  de Photo Elysée. 

À l’Espace Graffenried, la série Géométrie du rocher s’épanouit pour la première fois en exposition personnelle. Celle-ci réunit une sélection de 8 tirages encadrés ou flottants, une installation en vitrine et un papier peint. À travers une scénographie inédite, Delphine Burtin nous confronte à nos tentatives de reproduction de la montagne, symbole culturel aussi puissant qu’insaisissable. Entre idéalisation et appropriation, nature sauvage et architecture urbaine, dissimulation et révélation, ce sont différentes projections de notre imaginaire sur cet élément naturel qui sont captées par la photographe.

Accompagnée d’une publication éponyme, l’exposition se compose de plusieurs chapitres : photographie d’extérieur, nature morte, objets construits ou recueillis. Ces différents pans de la série posent un regard à la fois tendre et provocateur sur notre besoin de « fabriquer des montagnes » ou de les conserver sous une autre forme, comme une tentative pour maîtriser ce qui nous dépasse inéluctablement, et pour préserver ce qui est destiné au changement. Ainsi, les tirages percutants de Delphine Burtin mettent en lumière l’impuissance et la fascination de l’être humain face à la grandeur de la nature et au temps qui s’écoule.
 

Entrée libre

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